Expo du 28/08 au 15/11/2020

Alix Le Méléder - Peintures

Deux chocs artistiques vont la marquer et orienter sa vie : la visite du Musée Van Gogh d’Amsterdam et la rétrospective Picasso au Grand Palais de 1967. Elle entre en 1974 aux Beaux-Arts de Paris en sculpture à l’atelier César et passe son diplôme en Peinture en élève libre en 1979.
Arrêt de la peinture jusqu’en 1985 où elle s’installe à Paris 19e dans les Entrepôts du Quai de Seine qui sont détruits par un incendie en 1990 avec l’ensemble de son travail.

Après deux ans passés dans les ateliers-entrepôts d’Argenteuil puis à l’« hôpital éphémère » Bretonneau, elle s’installe finalement dans un atelier de la ville de Paris dans le 13e arrondissement.

Elle rencontre Shirley Jaffe qui l’introduit à la galerie J. Fournier ; elle restera très proche de celle-ci jusqu’à sa mort en 2016.

Elle participe à plusieurs expositions chez Fournier. Elle entre à la galerie Zürcher en 2004 et expose régulièrement à Paris et New York jusqu’en 2017.

Alix Le Méléder vit et travaille en Bretagne et en Bourgogne à Vézelay depuis 2011.

L’OEUVRE AU ROUGE

Faire du vide un visage

Qu’est-ce qui se manifeste si intensément dans le travail d’Alix Le Méléder qu’il puisse émouvoir au point d’effrayer, de faire reculer ? Vers où nous entraîne-t-elle qu’on réagisse si violemment, qu’on soit fasciné ou qu’on s’enfuie ?

Cette oeuvre requiert notre abandon ; qu’on accepte le risque de se laisser emporter, dériver, rejeter puis saisir. Remis de l’impression première, du choc parfois, on perçoit dans ces toiles quelque chose de lancinant. Comme la pulsation d’une douleur.
Vide et conscience. Conscience et être. Être et douleur. L’oeuvre d’Alix Le Méléder aurait-elle l’ambition de peindre une équation matricielle où le vide enfante la présence au monde ?

Quelle concentration, quel dépouillement il faut pour parvenir dans la peinture à ces ouvertures subtiles de la conscience. On admire la hauteur que prend l’artiste ; elle impressionne : c’est que cette exigence nous concerne et réclame ; on sait qu’il est beaucoup attendu de nous, qu’on sera toujours insatisfait, que ça échappera sans cesse, que ça fera de plus en plus souffrir de ne pas tout donner.

Pour qui veut écouter le chant de l’être, pour qui veut se rendre perméable à lui et le connaître de cette connaissance des mystiques et des voyants, il faut n’avoir rien à perdre.
Et endosser le radicalisme des ascètes.
Un détachement qui ne soit ni repoussoir ni contemption : condition du travail pour accéder à ce moment où ça se fait sans qu’on fasse rien.
Répétant une technique et une structure invariantes, l’artiste donne forme à des entités vivantes. La répétition n’est pas reproduction, rappelle Alix Le Méléder, pour qui il n’est sans doute question que de vie. Et on reste stupéfait qu’une structure si simple, si apparemment répétitive, puisse engendrer une telle diversité de personnes.
Faut-il rappeler la pauvreté des éléments constitutifs du vivant et leurs infinies possibilités d’associations ? Devant ces oeuvres, on est devant les représentants d’un autre peuple, moins faciles à distinguer peut-être, parce qu’on est mal accoutumés à lire les différences des visages de l’ailleurs…

Patrick AUTRÉAUX

Vernissage le 27/08/2020