Expo du 17/06 au 30/10/2022
Le Jeu de Paume rend hommage au photographe Frank Horvat, disparu le 21 octobre 2020 à l’âge de quatre-vingt-douze ans, par une exposition présentée au Château de Tours du 17 juin au 30 octobre 2022. Accompagnée d’une monographie, elle apporte une vision renouvelée sur l’ardente activité du photographe durant ses quinze premières années de carrière, de 1950 à 1965, période durant laquelle il affirme une personnalité hors norme d’auteur-reporter et de photographe de mode.
Né à Abbazia en Italie en 1928, de parents juifs originaires d’Europe Centrale, Francesco Horvat est contraint de se réfugier en 1939 en Suisse, près de Lugano, avec sa mère et sa sœur. Parti pour Milan après la guerre, il s’essaie au métier de publicitaire puis de photographe. Ses premières images sont publiées au début des années 1950 par les journaux italiens et suisses Epoca, Die Woche et Sie und Er. Admirateur d’Henri Cartier-Bresson auquel il rend visite à Paris en 1951 dans l’espoir d’intégrer l’agence Magnum, il acquiert un Leica et effectue un premier voyage initiatique au Pakistan et en Inde de 1952 à 1954. Parvenant à capter en gros plans des scènes d’une grande intensité et parfois des lieux interdits, il se révèle être un photographe du corps et de l’intime.
A la suite de Die Wöche, les grands magazines internationaux Paris-Match, Picture Post, Le Ore ou Life le publient sous le nom de Franco, puis de Frank Horvat, et Edward Steichen sélectionne une de ses images du Pakistan pour l’exposition The Family of Man au Musée d’art moderne de New York (MoMA). Sa carrière de photo-reporter se poursuit à Londres et à Paris où il s’installe fin 1955. Dans ses reportages sur les nuits parisiennes, strip tease, cabarets, music-halls voire lieux de prostitution, il capte autant l’attitude des spectateurs-voyeurs que le spectacle lui-même.
C’est à cette période qu’il acquiert un téléobjectif Novoflex et s’essaie à un grand nombre de points de vue inédits sur Paris, exacerbant par un effet de grain, de contraste et d’écrasement des plans, la saturation de l’espace public et l’anonymat de la foule. Romeo Martinez, éditeur et rédacteur-enchef de la revue Camera, consacre vingt pages à ce travail dans le numéro de janvier 1957 et l’expose à la Première Biennale de Photographie de Venise la même année. Ce sont ces images de rue, reprises dans plusieurs revues photographiques européennes, qui paradoxalement l’amèneront à la mode. Par l’intermédiaire de William Klein, qui a remarqué ses images dans Camera, il entre en relation avec Jacques Moutin, le directeur artistique de Jardin des Modes.