La joie, seule vraie richesse

La peinture de Clémentine Odier joue de la complicité pour venir nous susurrer à l’oreille à la manière d’une amie. Elle se faufile ainsi dans les méandres de notre mémoire pour nous révéler des paysages intimes et cristalliser des fragments de souvenirs qui s’imposent alors à notre conscience.

Étrange impression de réminiscence, comme si le passé transgressait le temps pour redevenir présent et livrer à notre imaginaire de bien curieuses « madeleines » que ne pourraient renier celles de Tante Léonie…

Nous avons tous la nostalgie de ces fenêtres qui ouvraient sur des vacances, la fragrance, je n’ose dire l’odeur, de la maison rempliée sur elle-même pendant l’hiver et qui s’aérait aux effluves du printemps.

Clémentine Odier, au-delà de son art, réussit la gageure de nous restituer avec une grande sensualité les saveurs de nos joyeuses-mélancolies en faisant entrer la lumière dans ses tableaux pour nous raconter une histoire. Bien souvent notre histoire, tellement nous reconnaissons ces grandes plages et ces baigneuses qu’elle offre à notre regard ou ces jardins qui semblent avoir conservé l’empreinte de nos pas…

Merveilleuse coloriste servie par une extraordinaire maîtrise du dessin et du sens de la composition, elle nous entreîne dans le sillage des Nabis, allant même parfois jusqu’à tutoyer l’instinct du Fauvisme.

Peintures toute en délicatesse qui lui fait préférer le mélange optique à celui des pigments notamment pour reproduire la carnation de ses personnages, le soyeux d’un tissu ou d’une fleur, et jouer en virtuose de la juxtaposition et de la simultanéité des couleurs. Assemblage d’une multitude de petites taches qui traduisent l’extrême sensibilité de l’artiste…

Christian FAVEREAU